• A la mode...

    A la mode tous les excès de notre époque.

     

     

     

    A la mode le divorce, en bons termes bien sûr, un petit arrangement juridique, deux ou trois papiers et chèques signés et en avant pour une autre vie, une nouvelle vie, rayer d'un trait toutes les années de vie commune, et les enfants, eux, ils s'arrangeront, une semaine chez l'un, une semaine chez l'autre, et s'ils ne sont pas contents, comment, pas contents lezenfants, mais ils devraient être heureux de voir autant leur papa que leur maman dans l'intérêt dezenfants bien sûr la garde alternée, dans l'intérêtdezenfants cette vie par moitié qu'aucun adulte n'accepterait de se voir infliger. 

    A la mode la démission et le licenciement, changer de travail,  dire merde à celui qui nous a fait confiance et pour qui on a tant donné, pour plus, pour mieux, pour voir si l'herbe est plus verte ailleurs, dire merde à son patron et ses collègues et partir sur un coup de tête, tout plaquer du jour au lendemain pour devenir auto-entrepreneur en machin-chouette truc, pour faire plaisir à Macron.

    A la mode le déménagement, repartir à 0, changer de région, dire bye bye à nos vieux  devenus inutiles depuis qu'ils ne payent plus notre loyer, et qu'on reverra trois fois par ans, partir au bout du monde ou juste au bout de la France pour avoir l'impression de choisir, de se choisir, d'exister, trouver une vie plus stimulante ou plus jeune ou moins ralentie qu'en province, se sentir accompli par ce choix de rompre avec tout le passé, d'avoir eu le courage de larguer les amarres. Et coller ses vieux en maison de retraite quand ils ne seront plus en état de vieillir seuls, avec le boulot et les enfants et l'éloignement, que veux-tu, je peux pas faire autrement

    A la mode l'adultère, les sites de rencontres et les "dates", les rendez-vous cul organisés sur téléphones, à la mode les sextos derrière le dos, à la mode le coup de foudre à 35 berges pour un autre, un plus jeune, plus fringuant, moins relou, moins râleur, mais tu comprends, je pouvais pas faire autrement, c'était une pulsion, un choc sensoriel, pour la première fois depuis tant d'années je me sentais vivante, vivante!

    A la mode la religion, pas la foi, la religion exhibée comme une identité, afficher son voile , sa khippa, ou sa croix, se croire plus important, plus spirituel, plus abouti que le commun des mortels, les mépriser un peu, eux et leur existence si basse, si commune, mais nous, c'est différent, on a la foi, accès au grand frisson de l'immortalité, on est charitable, on a des valeurs, oui des valeurs, pas comme tous les autres....

    A la mode la PMA, la GPA et l'IVG. Quelques sigles discrets bien pratiques pour masquer l'horreur éthique de fabriquer ou tuer des enfants pour satisfaire son petit plaisir du moment.

    A la mode la photographie, pas celle figée de nos grands-parents immortalisant les instants d'une famille figée par le noir et blanc une fois par an, non, la photographie boulimique, prise 24/24 qui raconte notre vie, nos émerveillements, celle qui fait de chaque existence une publicité vivante et de l'auto-promotion une nécessité sociale.

    A la mode le végétarisme et le véganisme, refuser de manger ou d'exploiter des animaux pour ne pas faire du mal mais continuer à détruire des espèces entières par le simple fait d'être humain et d'appartenir à un pays développé. Oublier que les espèces d'animaux domestiques n'ont survécu à la grande éradication que parce qu'elles ont été exploitées par l'homme pour leur chair, leur fourrure ou leur utilité. Oublier que si l'on cesse de se nourrir d'animaux, la plupart n'existeront plus d'ici 100 à 200 ans, l'homme ayant déjà plus que largement transformer son environnement et réduit à néant les zones où les animaux pourraient vivre en liberté à l'état sauvage. Manger du quinoa et des fruits exotiques bio à grand renfort d'airbus nourris au kérosène - dans l'intérêt de la planète le bio! - mais refuser de manger la volaille abattue chez le paysan voisin. Oublier que la seule solution à cette impasse est le suicide collectif. Pour le suicide c'est non.

    A la mode les séances de psy pour tenter de démêler tout ça... et la sophrologie et la méditation pour se sentir augmenté et remettre à plat les dérives de nos vies, et nos pensées qui s'accrochent et se décrochent, et le yoga aussi, et la quête spirituelle avec un peu d'étirement au milieu parce que c'est bon pour la ligne.

    Je suis un pur produit de notre époque, j'ai vécu toutes ces modes et ces dérives jusqu'à la mort, je les ai bues jusqu'à la lie, ce sont mes péchés, mes croix, mes calvaires, j'ai vécu tout ça  jusqu'au dégoût et à la honte, et sans jamais voter pourtant pour Marion Maréchal Lepen, en bon produit de mon époque, de mes parents soixante-huitards mais parfois il m'arrive de rêver de finir mes jours dans un monastère tibétain avec seulement les branches du cerisier à contempler... 

    Hélas pour moi, ça aussi, c'est à la mode!

    Alors j'écoute ou je lis Zemmour, ce journaliste conservateur se croyant différent mais tellement récupéré par le système qu'il en devient le contre-poids sclérosé, nécessaire et légèrement comique.

    Mais lui aussi,il est tellement à la mode avec son conservatisme érigé comme mode de provocation, devenu machine à buzz médiatique malgré lui et nourrissant le système sur lequel il crache.

    Alors je vais voir un prêtre.

    Mais je me rends compte qu'il est sur facebook et  instagramm.

    Alors... Je me demande juste comment les enfants de mes enfants jugeront tout ça.

     

     


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